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Le risque de pénurie d'électricité cet hiver place les transports collectifs face aux injonctions contradictoires des pouvoirs publics. SNCF, RATP, Keolis, Transdev et les autres opérateurs sont appelés à faire des économies d'énergie drastiques pour s'inscrire dans l'effort partagé d'une diminution de la consommation nationale de 10 %. Mais ils doivent aussi maintenir leur offre à tout prix dans l'optique de soutenir le pouvoir d'achat des ménages en proposant une alternative quotidienne à la voiture, dont le prix du carburant a flambé. «La sobriété énergétique, ce n'est pas moins de transports et moins de mobilité, ce n'est pas moins de trains et moins de service public ferroviaire», a prévenu le ministre des Transports Clément Beaune lors de la mise en place très scénarisée, le 6 septembre, d'un groupe de travail sur la sobriété énergétique avec un ensemble d'acteurs très divers (transport public, VNF, ADP, Air France, sociétés d'autoroute, ports, etc.). La période est confuse, car le Gouvernement ne souhaite pas inquiéter l'opinion en crédibilisant l'hypothèse d'un rationnement du transport. Il requiert des transporteurs qu'ils se préparent à tous les cas de figure, mais leur interdit - notamment la SNCF - de communiquer sur les scénarios les plus noirs, ceux allant de la réduction de la vitesse commerciale des TGV à la suppression de trains. Particulièrement sous pression en tant que premier consommateur d'électricité avec 2 % de la production nationale, la SNCF a en réalité déjà élaboré ses plans au premier semestre sous l'influence de la Commission de régulation de l'énergie, qui en a fait de même avec les grands utilisateurs industriels. Mais rien d'autre ne filtre que le scénario politiquement correct, valable aussi pour la RATP : économie de chauffage et d'éclairage dans les bâtiments, renforcement de l'écoconduite et de l'écosta-tionnement des rames. Mais certains doutent de l'efficacité d'une telle stratégie. «Étant donné que la SNCF a engagé des actions d'économies d'énergie depuis dix ans, le potentiel de gain sur les prochaines années est limité », estime le consultant Arnaud Aymé, de Sia Partners. Les futurs TGV M, dont Alstom promet un bénéfice de 20 %, pourraient être un recours, mais les premières rames n'arriveront qu'en 2024. Tout en démentant fermement l'hypothèse de réduction de l'offre, la SNCF pointe le fait que diminution de vitesse et diminution du plan de transport vont forcément de pair. « Si nous devions baisser la vitesse d'un TGV, nous réduirions le débit de la ligne et ne pourrions garantir un train retour », explique Alain Krakovitch, le directeur général des activités grandes lignes. On comprend les autres problèmes qui en découleraient: comment assurer les correspondances? Et maintenir les tarifs avec des temps de trajet rallonges serait-il acceptable par le client ? |