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L'actualité des compagnies maritimes européennes illustre clairement les enjeux de la transition énergétique du secteur. En 2022, l'armateur belge Euronav, numéro 3 mondial du transport maritime de pétrole, a signé un accord de fusion avec son concurrent direct, le norvégien Frontline. Ce futur superchampion européen sera en mesure de distancer durablement ses concurrents sur un marché réputé pour être un gouffre de liquidités. Il doit pouvoir résister aux bouleversements économiques et réglementaires à venir, notamment du fait de l'abandon progressif du pétrole par nos sociétés. Pourtant, le 8 avril 2022, le principal actionnaire d'Eu-ronav, la Compagnie maritime belge (CMB), dirigée par Alexander Saverys, demande l'arrêt de cette fusion. Le motif avancé est qu'un tel projet affaiblirait l'entreprise sur le long terme et irait contre le sens de l'Histoire, à l'heure de la décarbonation. A. Saverys appelle à la diversification de la flotte d'Euronav et à la sortie définitive du marché du pétrole. Il aurait en tête le rapprochement de l'armateur avec une filiale de la CMB, CMB.TECH, spécialisée dans le transport zéro émission carbone. CMB réclame notamment la démission de l'actuel conseil d'administration d'Euronav. Non sans provoquer la colère desdits actionnaires et de son PDG, Hugo De Stoop. Ce dernier accuse la famille Saverys d'utiliser la transition énergétique comme étendard pour dissimuler un objectif moins avouable : la prise de contrôle d'Euronav à moindre coût, sans passer par une offre publique d'achat et donc, sans rachat des parts des actionnaires sur ce marché. Cette situation illustre les enjeux actuels d'un secteur aujourd'hui très dépendant du fuel, que ce soit comme marchandise transportée ou comme carburant principal. Il n'est plus à prouver, qu'à terme, le transport maritime devra se passer du pétrole. La grande question est: avec quel calendrier doit être mise en œuvre cette transition énergétique ? Si l'on met de côté les interrogations technologiques qui demeurent sur la viabilité et la disponibilité des carburants neutres en carbone, restent aussi les enjeux financiers autour d'une telle transformation. |